Un peu ou beaucoup de calcium pour prévenir la prééclampsie ?

La prééclampsie affecte 2 à 5 % des grossesses dans le monde -en France, elle concerne 1 % des femmes enceintes et 1,5 % des nullipares- et est responsable d’une lourde morbidité maternelle et périnatale. Pour les femmes enceintes, chez lesquelles sont identifiés en début de grossesse un ou plusieurs facteurs de risque de prééclampsie (HTA gravidique antérieure, néphropathie, pathologie auto-immune, diabète, HTA chronique, âge > 40 ans, grossesse multiple, etc.), un traitement préventif par aspirine est prescrit, à des doses variables, selon les recommandations locales.
Chez les femmes à risque, l’administration d’aspirine (150 mg/j) diminue de 60 % l’incidence de la prééclampsie avant 37 SA.
Recommandé pour les femmes avec un apport nutritionnel en calcium faible
Des revues systématiques ont montré que l’administration de calcium durant la grossesse pouvait aussi diminuer l’incidence de la prééclampsie (risque relatif RR 0,45 intervalle de confiance à 95 % IC 0,31-0,65), ainsi que celle des complications maternelles graves et des naissances prématurées.
L’OMS recommande l’administration de 1,5 à 2 g de calcium à partir de la 20e semaine de grossesse chez les femmes qui ont un apport calcique nutritionnel faible. Mais de nombreuses questions restent en suspens : quelles femmes doivent prendre du calcium pour prévenir le risque de prééclampsie ? Celles qui ont des apports nutritionnels faibles ou celles qui ont des facteurs de risque de prééclampsie ? Quand débuter la supplémentation, et à quelle dose ?
Une revue systématique récente, publiée dans le British Journal of Obstetrics and Gynaecology, tente d’évaluer l’efficacité et l’innocuité de l’administration de calcium selon que la dose utilisée est faible (< 1g/j) ou forte (> 1 g/j). Trente essais randomisés contrôlés, totalisant plus de 20 000 femmes, ont été retenus pour la méta-analyse : ils avaient comparé des femmes ayant reçu une supplémentation en calcium à d’autres qui n’en avaient pas eu. Ces études venaient de nombreuses régions du monde, et avaient été menées entre 1987 et 2019.
Dix-huit études avaient évalué l’effet de fortes doses, et onze de faibles doses. La moitié de ces études avaient inclus des femmes ayant un ou plusieurs facteurs de risque de prééclampsie, et la grande majorité des femmes incluses avaient des apports nutritionnels en calcium faibles. Dans 6 études, la supplémentation en calcium avait débuté avant 20 SA, et dans 11 études, elle avait débuté peu après 20 SA. L’adhésion au traitement était supérieure à 80 %. D’autres produits avaient pu être prescrits, soit seulement au groupe traité, soit au groupe traité et au groupe témoin : vitamine D, aspirine, etc.
Dans les études, la prééclampsie était définie par l’apparition d’une HTA et d’une protéinurie après 20 SA.
Une réduction de moitié de l’incidence de la prééclampsie, quelle que soit la dose de calcium
Dans cette méta-analyse, la supplémentation en calcium est associée à une réduction de moitié de l’incidence de la prééclampsie : RR = 0,49 (IC 0,39- 0,61). L’effet est identique, que les doses de calcium soient faibles (< 1g/j) ou fortes (> 1g/j). La supplémentation est efficace quel que soit le niveau du risque de prééclampsie, qu’une…
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