Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur…le déclin mondial des spermatozoïdes

De nombreuses études ont signalé une baisse de la qualité du sperme et d’autres marqueurs de la santé reproductive masculine. Une méta-analyse publiée en 2017 faisait état d’une diminution significative de la concentration des spermatozoïdes (CS) et du nombre total de spermatozoïdes (NTS) chez les hommes d’Amérique du Nord-Europe-Australie (ANEA) sur la base d’études publiées entre 1981 et 2013. À l’époque, trop peu d’études comportant des données sur l’Amérique du Sud/Centrale-Asie-Afrique (ASAA) étaient disponibles pour pouvoir estimer de manière fiable les tendances chez les hommes de ces continents.
La même équipe a effectué une nouvelle revue de la littérature avec méta-analyse actualisée dans le but d’examiner les tendances de la numération des spermatozoïdes chez les hommes de tous les continents. Ce nouveau travail se justifie par les implications plus larges d’un déclin mondial du nombre de spermatozoïdes, les lacunes laissées par la précédente analyse et les controverses entourant cette question.
Des données disponibles pour les 6 continents
Une nouvelle recherche dans PubMed/MEDLINE et EMBASE a été effectuée pour identifier les études sur la CS et le NTS humains publiées entre 2014 et 2019. Après examen de 2936 résumés et 868 articles complets, 44 estimations de CS et NTS provenant de 38 études répondaient aux critères du protocole. Les données sur les paramètres du sperme (SC, NTS, volume du sperme) ont été extraites, ainsi que l’année de collecte et les covariables.
En combinant ces nouvelles données avec celles de la précédente méta-analyse, la présente analyse comprend les résultats de 223 études, ce qui donne 288 estimations basées sur des échantillons de sperme collectés entre 1973 et 2018, fournis par 57 168 hommes. Des données étaient disponibles pour 6 continents et 53 pays.
Les pentes de la CS et du NTS ont été estimées en fonction de l’année de collecte des échantillons à l’aide d’une régression linéaire simple ainsi que d’une méta-régression pondérée. Ces derniers modèles ont été ajustés pour les covariables prédéterminées et examinés pour la modification par le statut de fertilité (non sélectionné par fertilité versus fertile), et par deux groupes de continents (ANEA et ASAA). Des analyses de sensibilité multiples ont été menées pour examiner les hypothèses, notamment la linéarité.
Diminution de la concentration moyenne en spermatozoïdes de plus de 50 % sur 45 ans
Globalement, la CS a diminué entre 1973 et 2018 (pente dans le modèle linéaire simple : -0,87 million/ml/an, intervalle de confiance IC 95 % -0,89 à -0,86 ; p < 0,001). Dans un modèle de méta-régression ajusté qui comprenait deux termes d’interaction [temps × groupe de fertilité (p = 0,012) et temps × continent (p = 0,058)], des baisses ont été observées chez les hommes non sélectionnés de l’ANEA (-1,27 ; IC 95 % -1,78 à -0,77 ; p < 0,001) et les hommes non sélectionnés de ASAA (-0,65 ; IC 95 % -1,29 à -0,01 ; p = 0,045) et les hommes fertiles de ANEA (-0,50 ; IC 95 % -1,00 à -0,01 ; p = 0,046).
Chez les hommes non sélectionnés de tous les continents, la CS moyenne a diminué de 51,6 % entre 1973 et 2018 (-1,17 ; IC 95 % -1,66 à -0,68 ; p < 0,001). La pente de la CS chez les hommes non sélectionnés était plus forte dans un modèle restreint aux données postérieures à 2000 (-1,73 ; IC 95% -3,23 à -0,24 ; p = 0,024) et le pourcentage de déclin par an a doublé, passant de 1,16 % après 1972 à 2,64 % après 2000.
Les résultats étaient similaires pour le NTS, avec une baisse globale de 62,3 % chez les hommes non sélectionnés (-4,70 millions/an ; IC 95 % -6,56 à -2,83 ; p < 0,001) dans le modèle de méta-régression ajusté. Les résultats n’ont que peu changé dans les analyses de sensibilité multiples.
Un enjeu de santé publique
Cette analyse est la première à…
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