Pourquoi la pression artérielle doit-elle être mesurée dans les deux bras ? Explications avec un spécialiste du CHU de Limoges

Pourquoi la pression artérielle doit-elle être mesurée dans les deux bras ? Explications avec un spécialiste du CHU de Limoges

Ne soyez pas étonné si votre médecin vous propose une fois par an de prendre votre tension côté droit ET côté gauche. C’est la recommandation issue d’une récente étude internationale, dont l’un des co-auteurs est Victor Aboyans, cardiologue au centre hospitalier universitaire. Explications.

C’est une pratique médicale déjà recommandée mais trop ignorée, alors qu’elle pourrait sauver des vies. L’importance de prendre la tension artérielle aux deux bras est de nouveau confirmée par des travaux de recherche internationaux, auxquels a participé le CHU de Limoges.

La preuve y a été apportée qu’à partir d’un certain seuil, la différence entre les deux mesures expose à un plus grand risque d’accident cardio-vasculaire et de décès puisqu’elle est le signe d’un resserrement ou encrassement des artères. Les résultats ont été publiés en décembre dans la revue scientifique américaine Hypertension.

L’éclairage de Victor Aboyans (*), chef du service de cardiologie du CHU de Limoges et l’un des 33 co-auteurs dans ce projet baptisé INTERPRESS-IPD (Inter-arm Blood Pressure Difference-Individual patient data).

Pourquoi cette étude est-elle significative??

Pendant deux ans, un collectif de chercheurs piloté par l’université d’Exeter (Royaume-Uni), en particulier le docteur Christopher Clark, médecin généraliste britannique, s’est penché sur la littérature scientifique existante.

« En analysant 24 études qui portaient spécifiquement sur la mesure bilatérale ou l’incluaient dans leur recherche, on a pu recueillir les données individuelles de près de 54.000 patients à travers le monde (Afrique, Asie, Europe, Amérique du Nord) et suivre l’évolution de ces personnes en terme de survenue d’une crise cardiaque, d’un accident vasculaire cérébral ou de mortalité précoce », explique Victor Aboyans. Une puissance statistique qui a permis d’apporter des conclusions solides, selon ce spécialiste.

À partir de quel nouveau seuil, il y a un risque réel pour la santé??

D’ordinaire, le patient quand il évoque sa tension parle en centimètres de mercure (13/8 par exemple), les experts sont plus précis avec les millimètres de mercure (130/80).

C’est grâce à cette précision qu’ils ont établi qu’un écart entre les deux bras de 10 millimètres de mercure (mmHg) au niveau du premier chiffre, le plus élevé, augmentait le risque d’infarctus, d’AVC ou de décès de 10 %. Jusqu’à présent, de précédents travaux avaient fixé la limite à 15 mmHg.

« On a regardé millimètre par millimètre. Cela nous a permis de voir à quel moment cette asymétrie tensionnelle devenait une anomalie, poursuit le professeur Aboyans. Dès 5 mmHg, il commence à y avoir des effets sur la santé et, à 10, c’est franc. »

Faut-il exiger de son médecin traitant une double mesure à chaque prise de tension??

La réponse est non. « On sait déjà qu’un bras peut être plus fort que l’autre et que c’est celui-ci qui doit aussi servir de référence. Ce critère-là reste toujours valable. Mais cette mesure bilatérale devrait se faire quand le médecin examine pour la première fois un patient ou dans le cadre d’un suivi, une fois par an. » Une recommandation qui permettrait d’identifier plus de personnes à risque.

Il est aussi possible de vérifier soi-même avec un tensiomètre digital à domicile. « Inutile de paniquer sur une seule différence de mesure, mais si l’asymétrie se répète, alors il ne faut pas hésiter à en parler à son généraliste. »

Les 10 mmHg  de différence, un nouvelle référence

Les chercheurs se sont intéressés au chiffre de la pression maximale (ou systolique) qui correspond au moment où le cœur se contracte. S’il est élevé en mmHg, c’est en effet lui qui indique l’hypertension.

Le second chiffre est celui de la pression minimale ou diastolique, quand le cœur de relâche.

(*) Il est aussi membre de l’unité Inserm de neuroépidémiologie tropicale de l’université de Limoges, dont les publications ont alimenté cette recherche collaborative.

lepopulaire.fr

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