Malnutrition du sujet âgé : les facteurs déterminants
Malnutrition du sujet âgé : les facteurs déterminants
Le sujet âgé vivant au sein de la communauté est exposé à la malnutrition pour des raisons multiples qui ne sont pas toutes identifiées, certaines d’entre elles semblant évidentes, qu’il s’agisse notamment de l’isolement ou de la perte d’autonomie. La quête de nourriture ou le choix d’un régime alimentaire équilibré s’en trouvent affectés au point de retentir sur l’état de santé et l’un de ses marqueurs les plus robustes, en l’occurrence le poids corporel. Une méta-analyse portant sur six séries de données longitudinales permet de mieux cerner la problématique, le suivi étant compris entre 1 et 3 ans.
Il s’agit du projet MaNuEL ( MalNutrition in the Elderly) auquel ont participé quatre pays : l’Allemagne (3 études), Irlande (1 étude), Pays-Bas (1 étude) et Nouvelle-Zélande (1 étude). L’incidence de la dénutrition a été déterminée de manière prospective. Au total, ces études ont inclus 4 844 sujets âgés (> 65 ans) vivant tous au sein de la communauté. Les mêmes définitions de la malnutrition ont été utilisées dans les six cohortes : (1) indice de masse corporelle < 20,0 kg/m ; (2) perte de poids ≥10 % entre l’état basal et le terme du suivi. Au total, ont été prises en compte 21 variables potentiellement prédictives de la dénutrition, relevant des sept domaines suivants : démographique, nutritionnel, social, psychologique, fonctionnel, médical et propre au mode de vie. Deux autres variables ont été ajoutées : d’une part les chutes, et d’autre part, les hospitalisations. Les associations éventuelles ont été recherchées au moyen d’analyses par régression logistique binaire avec ajustements en fonction des facteurs de confusion potentiels, ce qui a permis de calculer les odds ratios (ORs) correspondants et leurs intervalles de confiance à 95 % (IC95) en s’aidant de plus d’une méta-analyse à effets aléatoires.
Chaque étude a inclus entre 209 et 1 841 participants qui, à l’état basal, ne présentaient pas de dénutrition. L’âge moyen des sujets était compris entre 71,7 et 84,6 ans. L’incidence de la dénutrition a varié entre 5,1 % et 17,2 % selon les cohortes. La méta-analyse a permis d’identifier six variables indépendantes associées au risque de dénutrition qui a augmenté de manière continue en fonction de l’âge.
Les célibataires, les divorcés et les séparés, quel que soit leur sexe, ont été particulièrement exposés à la malnutrition, comparativement aux sujets mariés. En revanche, le veuvage n’a eu aucun impact sur le risque en question.
Par ailleurs, trois autres variables rudimentaires ont contribué indépendamment des autres au risque de dénutrition : (1) les difficultés rencontrées lors de la marche (OR = 1,41 ; IC95 de 1,06 à 1,89) ; (2) les difficultés pour monter les escaliers (OR = 1,45 ; IC95 de 1,14 à 1,85) ; (3) les hospitalisations avant l’état basal (OR = 1,49 ; IC95 de 1,25 à 1,76) tout autant que pendant le suivi (OR = 2,02, IC95 de1,41 à 2,88).
Cette méta-analyse portant sur six études prospectives regroupant plus de 4 000 participants permet d’en savoir un peu plus sur le risque de dénutrition chez le sujet âgé vivant au sein de la communauté. Les facteurs les plus déterminants sont à la fois socio-démographiques et physiques : l’âge et le statut marital jouent un rôle important, tout autant que les capacités fonctionnelles. Une marche difficile, des escaliers qui deviennent difficiles à grimper sont des exemples qui témoignent d’une diminution de l’autonomie et d’un risque accru de dénutrition, tout comme les hospitalisations qui sont un facteur de vulnérabilité de plus en plus significatif au fur et à mesure que l’âge augmente.
Source : jim.fr