L’obésite infantile, une cause d’épiphysiolyse de l’extrémité supérieure du fémur
L’obésite infantile, une cause d’épiphysiolyse de l’extrémité supérieure du fémur
L’épiphysiolyse fémorale supérieure est caractérisée par un glissement de la tête fémorale sur le col fémoral. C’est une affection orthopédique grave qui touche typiquement des enfants obèses lors de la poussée de croissance pubertaire. Une grande étude de cohorte suggère qu’il y a plus qu’une simple association entre l’obésité et cette affection, mais un véritable lien de cause à effet.
Un indice de masse corporelle (IMC) a été calculé a posteriori chez environ 600 000 petits Écossais de 5-6 ans à partir de leurs poids et tailles mesurés à l’entrée à l’école primaire, de 1970 à 2016. Et il a pu être recalculé chez 38 500 de ces enfants à 11-12 ans. Les résultats ont été exprimés en z-scores puis convertis en percentiles [p.], les valeurs de référence étant celles de la population du Royaume-Uni en fonction du sexe et de l’âge. A 5-6 ans, 11,9 % des enfants étaient en surpoids (85 p. ≤IMC<95 p.) et 9,2 % obèses (IMC ≥95 p). A 11-12 ans, les taux de surpoids et d’obésité étaient plus élevés et 75 % des enfants qui étaient obèses l’étaient déjà à 5-6 ans.
D’après les codages saisis dans le registre écossais des hospitalisations classiques et de jour, 209 cas d’épiphysiolyse fémorale supérieure ont été diagnostiqués dans la cohorte, de 6 à 18 ans, au cours de 4,26 millions d’années d’exposition ; ce qui donne un taux d’incidence brut -sous-estimé- de 4,7 épiphysiolyses par 100 000 enfant-années, le pic d’incidence se situant à 11 ans.
Un risque multiplié par 12 à 11-12 ans
L’épiphysiolyse fémorale supérieure est fortement associée à l’obésité à 5-6 ans et à 11-12 ans. Par comparaison avec une corpulence normale (5e p. ≤IMC <85 p.), l’obésité (IMC ≥95 p.) multiplie le risque d’épiphysiolyse par 4,6 à 5-6 ans et par 12,3 à 11-12 ans. Le risque est maximum pour une obésité morbide (IMC ≥99 p.) à 11-12 ans (Ratio des taux d’incidence : 17 ; intervalle de confiance à 95 % : 5,9-49).
Il y a donc une relation dose-effet entre l’IMC et le risque d’épiphysiolyse fémorale supérieure. Ainsi, à 5-6 ans, le taux d’incidence de l’épiphysiolyse est multiplié par un facteur 1,7 chaque fois que le z-score de l’IMC augmente d’une unité, et la probabilité de faire une épiphysiolyse, quasi négligeable pour une maigreur (IMC < 5 p.), passe de 1/2 500 pour une corpulence normale (5 p. ≤ IMC < 85 p.) à 1/1750 pour un surpoids (85 p. ≤ IMC < 95 p.), 1/650 pour une obésité modérée (95 p. ≤ IMC < 99 p.), et 1/450 pour une obésité morbide (IMC ≥ 99 p.).
Enfin, l’âge au diagnostic d’épiphysiolyse fémorale supérieure est significativement inférieur chez les enfants en surpoids ou obèses. Chez ces enfants, le diagnostic de l’affection est posé un an plus tôt que chez des enfants de corpulence normale ou maigres (p < 0,002).
Pour être complet, il faut aussi signaler que la maigreur à 11-12 ans accroît le risque d’épiphysiolyse et que, dans un modèle de Cox, la précarité socio-économique contribue à accroître le risque de cette affection indépendamment du surpoids et de l’obésité.
En conclusion, la force de l’association, la relation de type dose-effet, et la survenue plus précoce de l’affection quand l’IMC est ≥ 85 p. rendent plausibles une relation de cause à effet entre l’obésité infantile et l’épiphysiolyse fémorale supérieure, au moins dans une partie des cas.
L’épiphysiolyse fémorale supérieure peut être considérée comme une complication mécanique de l’obésité infantile, qui se produit au moment où le cartilage de conjugaison de l’extrémité supérieure du fémur est le plus fragile, c’est-à-dire à la puberté.
Source : jim.fr