Prévention du VIH/sida et des infections sexuellement transmissibles : les utilisateurs de la PrEP ont-ils recours à une antibioprophylaxie ?

Prévention du VIH/sida et des infections sexuellement transmissibles : les utilisateurs de la PrEP ont-ils recours à une antibioprophylaxie ?

Les utilisateurs de la prophylaxie pré-exposition en prévention du VIH/sida connaissent-ils l’antibioprophylaxie pour les infections sexuellement transmissibles et y ont-ils recours ? Ce sont les deux questions qui ont été posées aux 187 participants de cette enquête menée par l’Institut de médecine tropicale d’Anvers. L’antibiotique recommandé est la doxycycline qui a fait la preuve de son efficacité contre les chlamydias et les gonocoques dans une étude récente présentée à la AIDS Conférence 2022.

Selon l’OMS, plus d’un million de personnes contracte chaque jour dans le monde une infection sexuellement transmissible (IST), asymptomatique dans la majorité des cas, dont les chlamydioses, les gonorrhées, les syphilis ou les trichomonases. Certaines comme l’herpès, la gonorrhée et la syphilis, peuvent augmenter le risque de contracter le VIH. Le rapport 2021 sur l’épidémiologie du sida et de l’infection à VIH en Belgique a fourni des statistiques sur les diagnostics de IST chez des utilisateurs de la prophylaxie pré-exposition (PrEP). Au total, 6.237 personnes ont eu une consultation de PrEP dans un centre de référence en 2021. Parmi elles, 25% ont été diagnostiquées avec au moins une IST au cours de l’année. Les diagnostics de chlamydioses (14%) et de gonorrhées (13%) étaient les plus fréquents. Bien qu’elle ne soit pas formellement recommandée, l’antibioprophylaxie serait utilisée chez 2% à 10% des hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes. La raison est l’incidence multipliée par 6 dans ce groupe (6000 /100.000) par rapport aux hommes hétérosexuels ou aux femmes (< 1.000 /100.000). Dans ce contexte, il était intéressant de savoir si cette prophylaxie est connue en Belgique et si elle s’utilise.

Un tiers des participants ne connaît pas

L’enquête a inclus 187 participants utilisateurs de la PrEP, recrutés entre décembre 2021 et janvier 2022. L’âge médian est de 46 ans, la majorité des participants sont des hommes (97,6%), nés en Belgique (86,1%) avec un niveau d’éducation élevé (86,3%) et un système de sécurité sociale (97,9%). Les résultats montrent que 28,9% des participants (54 /187) n’ont jamais entendu parler d’une prophylaxie contre des IST, 11,2% (21/187) connaissent quelqu’un qui leur en a parlé et 3,2% (6/187) sont utilisateurs. Ces 6 personnes ont un âge compris entre 30 ans et 48 ans. Les antibiotiques utilisés sont la doxycycline (2 cas), l’azithromycine (1 cas), l’amoxicilline (1 cas) et inconnus ou sans réponse dans 2 cas. Dans 3 cas sur 6, l’antibiotique est pris après le rapport sexuel. L’utilisation de l’antibioprophylaxie est plutôt épisodique.

La doxycycline recommandée

L’efficacité prophylactique de la doxycycline a fait l’objet de plusieurs études. L’étude IPERGAY avait déjà montré tout l’intérêt et le “Proof on Concept” de cet antibiotique en post-exposition pour la syphilis et les infections à Chlamydias, mais malheureusement pas pour les gonococcies. L’étude DoxyPEP2 a évalué l’intérêt de la prise de doxycycline en post-exposition en incluant cette fois les infections à gonocoques. Les résultats très positifs ont justifié l’arrêt prématuré de l’étude. Dans le groupe des personnes séronégatives, l’efficacité est de 66% avec 65 IST dénombrées dans le bras contrôle vs 47 dans le bras doxycycline, soit une incidence trimestrielle de 29,5% vs 9,6% dans le bras doxycycline. Dans le groupe des personnes VIH+, l’efficacité est de 62% avec 30 IST dénombrées dans le bras contrôle vs 31 dans le bras doxycycline, soit une incidence trimestrielle de 27,8% vs 11,7% dans le bras doxycycline.

Une prophylaxie à promouvoir

Pour l’auteur, la connaissance de cette prophylaxie est plutôt limitée dans cet échantillon d’utilisateurs belges de la PrEP. Un tiers des interrogés n’en a jamais entendu parler. Moins de 5% l’utilisent ce qui laisse craindre une méconnaissance du diagnostic et un risque accru de transmission. Comme pour la PrEP, il reste du travail de communication dans ce domaine.

Source : mediquality.net

actusantemag

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