Les cuisinières à gaz responsables de l’asthme infantile, vraiment ?

L’utilisation d’une cuisinière à gaz dans les espaces intérieurs pourrait être associée à un risque accru d’asthme chez les enfants, si l’on se réfère à une méta-analyse de 2013 qui reposait sur 41 études (1), ce qui peut sembler inquiétant puisque 35 % des ménages aux États-Unis utilisent ce type d’appareil de cuisson. Le dioxyde d’azote, un irritant pulmonaire produit par une combustion qu’elle soit de mazout, de bois ou de gaz, est le gaz incriminé.
L’asthme infantile aux États-Unis reste relativement rare, affectant 1 enfant sur 12. Les implications de la cuisson au gaz sur la santé à l’échelle de la population sont largement méconnues. Ainsi, une équipe états-unienne a voulu quantifier la fraction attribuable dans la population (FAP), ou risque attribuable, afin d’évaluer l’impact réel de l’utilisation de cuisinières à gaz sur la survenue d’asthme chez l’enfant aux États-Unis.
Une modélisation épidémiologique
Les tailles d’effet précédemment rapportées, en Amérique du Nord et en Europe, par les méta-analyses s’intéressant à l’utilisation du gaz pour la cuisson ou le chauffage dans des espaces clos, et l’asthme de l’enfant ont été utilisées dans les estimations du FAP (rapport de cotes OR = 1,34, intervalle de confiance IC à 95 % = 1,12-1,57). La proportion d’enfants exposés aux cuisinières à gaz a été obtenue à partir de l’American Housing Survey, enquête nationale utilisée pour caractériser le parc de logements résidentiels des États-Unis.
Lors de la dernière itération de cette enquête (année 2019), 9 États ont été suréchantillonnés ce qui permet d’accéder à des données précises pour ceux-ci. La FAP est un concept épidémiologique permettant de déterminer la proportion de cas de la maladie dans la population que l’on peut attribuer à un facteur, sa formule arithmétique est FAP =p x (RR-1)/(1+ p x (RR-1)) où p est la prévalence dans la population du facteur de risque (ici l’exposition des enfants aux gazinières).
Des résultats à considérer avec prudence
Les FAP ont été estimées à l’aide d’une approche publiée précédemment dans une étude australienne (2). A partir de cette modélisation, les auteurs concluent que 12,7 % (IC à 95 % = 6,3 à 19,3 %) des cas d’asthme chez les enfants aux États-Unis sont attribuables à l’utilisation d’une cuisinière à gaz. Selon ces résultats, la proportion d’asthme de l’enfant qui pourrait théoriquement être évitée s’il n’y avait pas d’utilisation d’une cuisinière à gaz, variait selon l’État (Illinois = 21,1 % ; Pennsylvanie = 13,5 %).
Si ces résultats semblent concordants avec d’autres récemment publiés, il faut tout de même noter que les études de FAP ont des limites, s’appuyant notamment sur des données agrégées et ne prenant pas en compte l’exposition à d’autres facteurs de risque. Ainsi, alors que les pays en voie de développement sont incités à utiliser le gaz comme alternative au charbon et au bois dont la nocivité est établie, la cuisinière au gaz n’est peut-être pas à éliminer, ce d’autant que le lien entre asthme et pollution des gazinières n’est pas définitivement prouvé. Des recherches supplémentaires sont nécessaires pour préciser et quantifier ce lien. En attendant, une ventilation adéquate des espaces intérieurs est nécessaire afin de limiter les conséquences de l’exposition à divers polluants.
Source : JIM