La vulnérabilité aux troubles mentaux débute avant la naissance

Dans une récente étude publiée dans la revue scientifique Biological Psychiatry Tomas Paus chercheur au Centre de recherche du CHU Sainte-Justine et professeur de psychiatrie et de neurosciences de la Faculté de médecine de l’Université de Montréal, et le doctorant Yash Patel démontrent que le cerveau du fœtus porte en lui les germes de la santé mentale de l’individu.
Ces travaux ont été menés en collaboration avec le Consortium ENIGMA et des dizaines de scientifiques à travers le monde.
La morphologie du cortex cérébral, couche externe du cerveau communément appelée «matière grise», diffère selon les troubles psychiatriques, mais les facteurs neurobiologiques à l’origine de cette modification (déviations des aires corticales) durant la croissance restent pour la plupart indéterminés.
Pour mieux comprendre la croissance singulière du cortex cérébral chez les personnes atteintes de troubles mentaux, ainsi que l’influence des facteurs de risque externes, l’équipe de recherche a analysé les données d’imagerie de 27 359 personnes.
L’influence des facteurs de risque périnataux
À l’aide de l’imagerie par résonance magnétique et d’un logiciel de reconstruction, l’équipe a étudié et comparé la surface des différentes aires corticales du cerveau de personnes atteintes d’un trouble de santé mentale avec celle de sujets témoins. Les groupes comparatifs ont été formés selon le diagnostic des individus (ex.: schizophrénie, trouble du déficit de l’attention avec hyperactivité, etc.).
Des différences marquées ont été répertoriées dans la configuration de la surface du cortex associatif (responsable des opérations complexes du traitement de l’information) chez les personnes atteintes notamment d’un trouble du déficit de l’attention avec hyperactivité, de schizophrénie et chez les enfants présentant des problèmes psychologiques.
Au moyen de données d’expression génique provenant de bases de données existantes, l’équipe de Tomas Paus a pu établir un lien entre les caractéristiques de ces différences à la surface du cortex associatif et celles des évènements cellulaires qui sous-tendent le développement précoce du cerveau. Elle a également découvert le point de convergence entre ces processus de développement et les gènes associés aux facteurs de risque périnataux, tels que le faible poids à la naissance, le manque d’apport en oxygène, l’hypertension maternelle et la prématurité.
«La surface corticale du cerveau adulte offre une fenêtre sur les évènements qui façonnent le cortex cérébral et qui précèdent un large éventail de maladies mentales. La compréhension globale de la manière dont les risques périnataux peuvent interférer avec différents mécanismes cellulaires et moléculaires permettra, à terme, d’explorer de nouvelles avenues de traitement», affirme le Dr Paus.
Source : nouvelles.umontreal.ca