FIBROMES UTÉRINS: QUAND INTERVENIR?

Souvent sans symptômes, les fibromes utérins peuvent toutefois devenir une lourde charge à porter chez certaines ! Si la réponse chirurgicale peut s’imposer, elle n’est cependant pas automatique.

La formation de fibromes dans l’utérus est particulièrement courante : « Nous n’avons pas de chiffres pour la Belgique, mais plus globalement, les fibromes touchent environ 10% de la population féminine d’Europe du Nord, jusqu’à 20% en Europe du Sud », explique le Dr Charles Gérard, gynécologue, responsable de la clinique du fibrome, à l’hôpital Brugmann à Bruxelles. Le principal facteur de risque est lié à notre patrimoine génétique ; c’est pourquoi une femme dont la mère a souffert de fibromes a plus de risques d’en développer aussi…

Conseils à toutes les femmes !

Puisque le facteur déterminant est l’hérédité, il n’est pas possible de prendre des mesures de prévention pour éviter les fibromes. Par contre, les détecter le plus tôt possible est la bonne option ! « Il faut donc que les femmes se fassent dépister chez leur gynécologue. Et en particulier dès qu’elles ont des symptômes comme des règles trop abondantes et fréquentes. Elles ne doivent pas craindre l’opération, d’autant plus qu’elles consulteront rapidement : la chirurgie n’est pas le seul traitement disponible ! »

Surveiller régulièrement

Les fibromes sont généralement détectés à l’âge de 40 à 50 ans. Néanmoins, la plupart d’entre eux sont asymptomatiques, auquel cas le médecin se contente d’en surveiller l’évolution, pour voir s’ils ont tendance à grossir rapidement. « Un fibrome est une tumeur bénigne. Et comme toute tumeur, elle a besoin de sang pour subsister et croître. Elle va alors créer un nouveau système de vascularisation dont dépendra sa croissance. Il est souvent difficile de savoir à l’avance à quel type de fibrome on a affaire : un qui est capable de grandir rapidement ou non ? » Or, plus son volume sera important, plus il sera difficile d’intervenir, que ce soit par les traitements médicamenteux ou par la chirurgie…

Quand les fibromes se manifestent

Mais parfois, ils provoquent les plaintes qui vont conduire les femmes à consulter leur médecin. « Ce sont essentiellement des saignements anormaux qui vont alerter les femmes : règles trop abondantes, trop prolongées, caillots de sang, mais aussi des pertes de sang en-dehors des périodes des règles. Cette perte de sang continue peut mener jusqu’à l’anémie. Mais les femmes touchées par les fibromes peuvent aussi se plaindre de sensation de lourdeur dans le bas-ventre, de gonflement du ventre ou de fuites urinaires. C’est souvent à ce moment-là que l’on diagnostique la présence de fibromes », poursuit le Dr Gérard.

Réduire la taille du fibrome

C’est lorsque les symptômes se manifestent que se pose la question de l’intervention. « Les traitements sont de différents ordres, et dépendront de chaque cas individuel. Il n’existe pas de traitement standard, universel pour tous les fibromes. » Car guérir un fibrome par un traitement médicamenteux n’est à l’heure actuelle toujours pas possible. Seule l’intervention chirurgicale permet de s’en débarrasser. S’il envisage de conserver l’utérus ou veut retarder le plus possible l’intervention, le médecin visera le plus souvent à réduire le plus possible la taille du ou des fibrome(s). « La diminution de la taille d’un fibrome peut permettre d’éviter la chirurgie par laparotomie – le ventre est ouvert – pour se limiter à une laparoscopie – seules des entailles sont réalisées pour passer les pinces et la caméra, on opère donc à ventre fermé… » Différentes molécules existent pour bloquer l’action des hormones sécrétées par les ovaires qui entretiennent les fibromes, et faire diminuer leur taille. Le traitement le plus ancien et plus souvent utilisé est l’agoniste de l’hormone de libération des gonadotrophines hypophysaires (GnRH). Il agit, comme son nom l’indique, sur l’hypophyse et aura pour effet de provoquer une ménopause réversible. Si le volume des fibromes va clairement être réduit (jusqu’à 70% !), ils reprendront leur croissance dès l’arrêt du traitement, si aucune intervention n’est programmée par la suite… « Par ailleurs, ce traitement peut n’avoir aucun impact sur le volume du fibrome, puisque sa croissance peut trouver ses causes ailleurs… », précise le spécialiste.

D’autres solutions

Ces dernières années, un nouveau traitement a été mis sur le marché : l’acétate d’ulipristal. Son action est comparable à celle des agonistes des GnRH, mais de manière plus localisée, au niveau-même de l’utérus, et non plus au niveau de l’hypophyse. Il ne provoque dès lors pas de ménopause « artificielle ». Le choix de l’un ou l’autre traitement se fera en fonction de la patiente, et de la taille de ses fibromes.

La pose d’un stérilet hormonal (à la progestérone) peut aussi être envisagée, par exemple pour poursuivre l’action des traitements médicamenteux à plus long terme. Son action se limitera à réduire les saignements ; il n’aura aucun effet sur le volume du fibrome… Mais si les saignements sont la principale plainte de la femme, alors il peut être le traitement de choix pour elle !

Enlever ou nécroser ?

Lorsqu’une intervention s’impose, elle peut se traduire par différentes techniques. Il est possible d’éliminer soit le(s) fibrome(s) seul(s) – c’est la myomectomie –, soit l’utérus entier – l’hystérectomie. La myomectomie peut se faire par laparoscopie ou par laparotomie, alors que la seconde se fait d’office par laparoscopie, l’utérus étant alors retiré par le vagin. L’hystérectomie peut à ce titre être considérée comme la technique la plus sûre et définitive, présentant le moins de risques de complications. Car la myomectomie, qui peut être suivie de récidives, ne peut pas être pratiquée dans tous les cas.

D’autres techniques sont apparues, avec le même but : « Priver le fibrome des vaisseaux sanguins qui le font vivre et grandir. L’objectif étant de le voir se nécroser, tout en conservant l’utérus. » La technique utilisée classiquement est l’embolisation par l’injection de microbilles synthétiques dans les artères de l’utérus, via l’artère fémorale (au niveau de l’aine). Le fibrome va ainsi se « boucher » et mourir. Une autre technique, moins pratiquée chez nous, consiste à chauffer par ultrasons à haute intensité les tissus du fibrome qui vont alors se nécroser et être éliminés par voie métabolique. Ici, aucune incision n’est nécessaire. La cryothérapie est aussi utilisée, les fibromes étant brûlés par le froid.

Encore une fois, il est important de savoir que chaque technique sera choisie au cas par cas. Et en fonction de l’expertise de l’équipe médicale !

Désir de grossesse

« Face à une femme qui souffre des symptômes provoqués par ses fibromes, ma première question portera sur son désir d’enfant. Si elle souhaite encore tomber enceinte, et si le fibrome n’excède pas 4 cm de diamètre et ne provoque aucune déformation de la cavité utérine (généralement les fibromes sous-séreux), alors on peut envisager une simple surveillance. Jusqu’à 6 cm de diamètre cumulés des fibromes, on peut aussi envisager l’embolisation seule. A partir de 7 cm la chirurgie devient difficile. Il est alors conseillé de réaliser une embolisation suivie immédiatement de l’exérèse chirurgicale ce qui limite très fortement les risques d’hémorragie. Dans ces deux cas, l’utérus restera dans un état tout à fait compatible avec une grossesse future. Mais si la patiente ne souhaite plus avoir d’enfant, je pense que l’hystérectomie est le choix le plus judicieux. Car la myomectomie expose à des récidives à moyen terme, et si l’hystérectomie s’impose par la suite, elle sera plus difficile à réaliser, notamment à cause du risque plus important d’adhérences sur les intestins. Je comprends que culturellement ou psychologiquement, certaines femmes tiennent à conserver leur utérus, car elles y associent leur féminité, mais ce n’est pas, sur le plan purement médical, une solution optimale. Je suis favorable à procurer à mes patientes le traitement le plus léger pour la meilleure guérison possible… »

Qu’est-ce qu’un fibrome ?

La paroi de l’utérus est formée de tissus musculaires et fibreux. Ceux-ci forment alors une boule (une tumeur bénigne) qui peut grossir jusqu’à atteindre la taille d’un gros melon !

Les fibromes peuvent se former :

– dans l’épaisseur du muscle même : ce sont les fibromes interstitiels

– à l’extérieur de l’utérus : ce sont les fibromes sous-séreux

– à l’intérieur de l’utérus : ce sont les fibromes sous-muqueux.

Source : sama-docteur.com

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