Le manque de sommeil modifie les comportements alimentaires chez l’enfant : résultats d’un essai randomisé original

Un sommeil de qualité médiocre ou de durée trop brève est à même d’augmenter le risque d’obésité chez les enfants. Les mécanismes qui sous-tendent cette association hautement significative restent méconnus, mais il semble bien que des habitudes alimentaires déséquilibrées privilégiant les aliments riches en énergie jouent un rôle pathogénique. Par ailleurs, un sommeil court permet en théorie de gagner du temps et de l’allouer aux activités de la vie quotidienne, mais chez l’enfant c’est la sédentarité qui est le plus souvent privilégiée au détriment de l’exercice physique du fait de la fatigue ressentie. La balance énergétique devient, dans ces conditions, défavorable ce qui pourrait favoriser une prise de poids. La durée du sommeil peut aboutir par ailleurs à des troubles du comportement alimentaire ou les aggraver quand le terrain y prédispose.
Cette hypothèse est à l’origine d’un essai randomisé du type croisé, chaque participant étant son propre témoin, dans lequel ont été inclus 105 enfants, âgés de 8 à 12 ans. Dans tous les cas, à l’état basal, les recommandations actuelles en matière de sommeil étaient bien suivies, notamment quant à sa durée comprise entre 8 et 11 heures par nuit.
Un essai randomisé du type croisé
Au cours de l’étude, la durée du sommeil a été modifiée au cours de deux phases d’une durée d’une semaine chacune, espacées d’une semaine :
- Semaine 1 : les enfants se sont couchés une heure plus tôt qu’à l’habitude,
- Semaine 2 : les enfants se sont couchés une heure plus tard qu’à l’habitude.
La qualité et la durée du sommeil ont été évaluées par une actigraphie à l’aide d’un bracelet porté au poignet. Le comportement alimentaire a été évalué sous divers angles au cours des deux phases précédentes et à leur terme respectif :
- Caractéristiques de la prise alimentaire (2 rappels de 24 heures/semaine) ;
- Questionnaire comportemental spécifique (Child Eating Behavior Questionnaire) ;
- Questionnaire prenant en compte le désir de manger les divers aliments classés selon leur type (plus ou moins transformés) et leur caractère essentiel ou non, de fait corrélé à leur densité nutritionnelle. Dans cette étude, les auteurs définissent les aliments « non essentiels » les aliments à faible densité nutritionnelle et à teneur élevée en matières grasses, en sel et/ou en sucre, et consommés principalement pour le plaisir. Les aliments essentiels sont les fruits et légumes, les féculents, les légumes secs, les produits laitiers, les viandes, poissons et œufs, et les fruits à coques.
Manque de sommeil même modeste : un effet sur les comportements alimentaires
L’analyse en intention de traiter (n = 100) a révélé que la restriction de sommeil était associée à une augmentation significative de l’apport énergétique quotidien de 233 kJ (IC 95 % : -42, 509), la prise d’aliments non essentiels étant privilégiée (+ 416 kJ ; IC 95 % : 6,5, 826). L’analyse par protocole a conduit à des différences encore plus importantes :
(1) surplus énergétique : + 361 kJ (IC 95 % : 20, 702) ;
(2) surplus d’aliments non essentiels : + 504 kJ (IC 95 % : 25, 984) ;
(3) excès d’aliments ultra-transformés : + 523 kJ (IC 95 % : 93, 952).
La restriction de sommeil a, par ailleurs, été associée à une suralimentation plutôt dictée par les émotions que par la recherche de la satiété.
Cet essai original de type croisé dans lequel chaque participant est son propre témoin suggère qu’un léger manque de sommeil peut influer de manière significative sur la…
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