Les complications de la grossesse sont bien une menace pour le cœur des mères

Les complications de la grossesse comme l’accouchement prématuré ou la pré-éclampsie, ont été associées à une augmentation des risques à distance de pathologies cardiovasculaires. Un point important reste encore mal précisé, celui d’un lien de causalité, la complication de la grossesse pouvant être la manifestation d’un risque cardiovasculaire préexistant. Ce point est essentiel à clarifier pour organiser la prévention et le suivi des patientes.
C’est pourquoi une étude a été entreprise sur une cohorte de plus de 2 millions de suédoises, constituée à partir de 1978. L’objectif était d’examiner le lien entre cinq complications majeures de la grossesse et le risque à long terme de cardiopathie ischémique chez les mères. Les complications retenues étaient l’accouchement prématuré, la naissance d’un enfant hypotrophe, une prééclampsie, une autre pathologie hypertensive pendant la grossesse et un diabète gestationnel. Le terrain familial était analysé pour la prise en compte des facteurs confondants. Dans cette cohorte, 30 % des femmes ont présenté au moins une complication de la grossesse, les plus fréquentes étant la naissance d’un enfant petit pour l’âge (14,3 %) et la naissance prématurée (8,8 %).
Un risque de pathologie cardiovasculaire durablement augmenté
Les résultats sont sans équivoque. Chaque complication de la grossesse est associée à une augmentation du risque de cardiopathie ischémique. Dans les 10 ans suivant l’accouchement le taux de cardiopathie ischémique est doublé pour les patientes suivies pour une hypertension gravidique, multiplié par 1,7 en cas d’accouchement prématuré, par 1,5 en cas de prééclampsie, par 1,3 quand la patiente présente un diabète gestationnel et par 1,1 en cas de naissance d’un enfant petit pour l’âge gestationnel. Ces données sont obtenues après ajustement pour les autres complications de grossesse et pour les facteurs maternels.
Si les risques relatifs diminuent au fil du temps, ils restent significativement augmentés 30 à 46 ans après l’accouchement (risques multipliés par 1,1 à 1,5). Quand plusieurs complications de grossesse sont survenues, il semble exister un effet de synergie entre elles, avec des diagnostics de cardiopathies ischémiques plus fréquents quand l’accouchement prématuré est associé à la prééclampsie, l’hypertension ou le diabète gestationnel, ou encore quand la prééclampsie est associée au diabète gestationnel. L’analyse détaillée des terrains familiaux indique que ces résultats ne peuvent être que partiellement (≤ 45 %) expliquées par des facteurs génétiques et environnementaux.
D’importantes implications pratiques
Ces données devraient avoir des implications pratiques importantes, et notamment la reconnaissance de toutes les complications majeures des grossesses comme des facteurs de risque indépendants de cardiopathie ischémique, tout au long de la vie. Si elles le sont déjà en théorie, il semble que ce ne soit pas encore le cas en pratique courante. Les complications de grossesse peuvent constituer un marqueur précoce pour identifier les femmes à risque de cardiopathie ischémique ultérieure, et ainsi mettre en place à l’avance des stratégies de prévention avec l’éviction des autres risques cardiovasculaires comme le tabagisme, l’obésité, l’inactivité physique, ainsi que le suivi à long terme de ces patientes sur le plan cardiovasculaire.
Source : JIM