Covid-19 : un vaccin à base de plantes semble efficace contre les variants

Produit par l’entreprise quebécoise Medicago, ce candidat vaccin contre le coronavirus attend la validation de l’autorité canadienne de santé. Il a été conçu à partir d’une plante australienne cousine du tabac.

Les plantes à la rescousse ? Le plafond de vaccination semble avoir été atteint dans la plupart des pays à haut revenu, où la proportion de vaccinohésitants ne décroit plus depuis quelques mois et la proportion de non-vaccinés stagne à 15 % au Canada, 20 % en France, 25 % en Allemagne… En cause (en partie) : une méfiance envers les vaccins à ARN, majoritaires dans ces pays, et une crainte des rares effets secondaires de ces vaccins comme les myocardites ou la perturbation des règles. Mais même la disponibilité d’autres vaccins plus traditionnels (comme ceux de Novavax et Janssen) ne semble pas en mesure de briser ce plafond de verre. Pourtant, un nouvel arrivant pourrait changer la donne. Il s’agit d’un vaccin à base de plantes développé par l’entreprise Medicago au Québec, dont les résultats de l’essai clinique de phase 3 ont été publiés en preprint (pas encore revu par les pairs) le 26 janvier 2022. Pour en savoir plus sur ce nouveau candidat vaccin, Sciences et Avenir a interrogé Nathalie Charland, directrice scientifique chez Medicago.

“La plante que nous utilisons est considérée comme une mauvaise herbe en Australie”

Sciences et Avenir : Quel est l’intérêt d’utiliser des plantes pour produire un vaccin ?

Nathalie Charland : Les plantes sont une plateforme de production intéressante. Ce sont des mini-usines qu’on utilise pour produire les protéines recombinantes pour notre candidat vaccin. Grâce aux plantes on n’a pas besoin de travailler avec le virus vivant, on utilise uniquement la séquence génétique. Et contrairement à une production en biofermenteur (avec des levures ou des cellules de mammifères), il n’y a pas de problème quand on augmente la taille de la production. En biofermentateur, tout fonctionne très bien avec des petits volumes de production, mais quand on passe d’un litre à 1000 litres il y a un impact au niveau du rendement à cause des échanges gazeux. Alors qu’avec les plantes, si on veut produire plus, on ajoute tout simplement plus de plantes.

Pouvez-vous nous expliquer le processus de production ?

On utilise une plante australienne cousine du tabac (Nicotiana benthamiana), une mauvaise herbe en Australie qui est utilisée en laboratoire parce qu’elle permet de produire des protéines recombinantes. Son système immunitaire est plus faible que d’autres plantes donc elle ne détruit pas trop rapidement le matériel génétique étranger, et elle a un très bon rendement de production de protéines. On les cultive en serre contrôlée et on les récolte à environ cinq semaines. Ensuite, on utilise un vecteur bactérien (Agrobacterium tumefaciens). 

Cette bactérie se trouve dans les sols et n’est pas toxique pour les plantes. Elle a la capacité de transférer son matériel génétique dans les cellules de plantes. On injecte dans cette bactérie un plasmide avec le gène qui code pour la protéine Spike du coronavirus. 

Et on baigne les plantes dans une espèce de soupe de ces agrobactéries. On fait un vide qui provoque la libération de l’air contenu dans les feuilles. Quand le vide est comblé, les feuilles absorbent la solution bactérienne comme une éponge.

Source : sciencesetavenir.fr

actusantemag

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