Covid-19, un effet nicotine positif ?

Parmi les interrogations que peut susciter toute maladie nouvelle telle le Covid-19, en voici une qui concerne les relations éventuelles entre tabagisme chronique et cette infection. Ce dernier peut-il être un facteur de risque, à part entière ou au travers des maladies respiratoires qu’il engendre ? Peut-il contribuer à la sévérité du tableau clinique ou aggraver le pronostic en s’associant à diverses comorbidités ? Autant de questions qui n’ont pas encore trouvé de réponses précises à l’heure actuelle, car les études épidémiologiques sont peu prolixes sur ce thème. Pourtant, elles sont d’importance dans un pays comme la Chine où la prévalence du tabagisme chronique est très élevée chez les hommes, de l’ordre de 26,6 % pour la cigarette électronique et de de 50,5 % pour la cigarette classique. Pour les femmes, cette prévalence n’est que 2,1 %.

Quatre fois moins de fumeurs parmi les patients atteints de Covid-19

Pour tenter d’apporter quelques éclaircissements, la base de données PubMed a été appelée à la rescousse ; 432 études évoquant l’épidémie de Covid, enregistrées jusqu’au 1er avril 2020, ont été identifiées ; 13 seulement décrivaient les caractéristiques cliniques –notamment le tabagisme- des patients inclus. Leur nombre total est de 5 960 (hommes : 55,1 % ; âge médian < 59 ans) hospitalisés en raison d’un Covid-19. Aucune étude n’a fourni d’informations sur l’usage de la cigarette électronique. La prévalence du tabagisme par cigarettes classiques s’est avérée faible, comprise entre 1,4 % et 12,6 % selon les études, ce qui est effectivement très bas si l’on compare aux chiffres enregistrés en Chine, tout au moins si l’on se réfère aux hommes. En poolant les résultats dans le cadre d’une méta-analyse à effets aléatoires, la prévalence peut être alors estimée à 6,5 % (intervalle de confiance à 95 % : 4,9-8,2 %) … soit le quart de celle observée dans la population générale masculine.

Des hypothèses plus ou moins fumeuses

Que penser de ces chiffres préliminaires ? En premier lieu : le tabagisme ne serait pas un facteur de risque du Covid-19. En second lieu mais en filigrane, le tabagisme pourrait être un rempart face au SARS-CoV-2. En faveur de cette hypothèse pour le moins audacieuse, figurent les chiffres recueillis aux Etats-Unis qui sont devenus en peu de temps le nouvel épicentre de la maladie. La faible prévalence du tabagisme –1,3 %- chez 7 162 patients hospitalisés en raison du Covid-19 vient s’ajouter aux estimations précédentes : est-ce suffisant pour prétendre que la nicotine protégerait de l’infection ? Cette théorie pourrait s’appuyer sur les effets immunomodulateurs de la nicotine qui interagirait en outre avec le système rénine-angiotensine-aldostérone selon des mécanismes subtils qui ne sont pas tous connus.

Ainsi, il semblerait que le tabac ou la nicotine puissent interférer avec l’expression du gène codant pour le récepteur de l’ACE2 dans les tissus pulmonaires ou bronchiques (2), lequel est mis à contribution par le SARS-CoV-2 pour s’attaquer au poumon. Selon certaines études expérimentales in vitro qui ne font pas l’unanimité, les effets délétères du SARS-CoV et du SARS-CoV-2 sur l’ACE2 pulmonaire et les lésions tissulaires induites par ces virus pourraient être atténués ou neutralisés par ceux de la nicotine ou du tabac de manière assez paradoxale (1). De ce fait, les auteurs préconisent d’évaluer rapidement l’intérêt thérapeutique potentiel de la nicotine (ou du tabac…) face aux formes sévères du Covid-19, ce qui témoigne d’un certain aplomb.

Des limites évidentes

Au-delà de ces spéculations, il faut s’interroger sur le rôle de facteurs de confusion multiples qui compliquent l’étude des données, d’autant qu’aucune analyse multivariée n’a été utilisée pour le faire. Il s’agit notamment de l’âge, du statut socio-économique, de la définition et…

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