Obésité et problèmes de santé: des mécanismes naturels de protection de l’organisme
Obésité et problèmes de santé: des mécanismes naturels de protection de l’organisme
Une étude de l’Hôpital Maisonneuve-Rosemont met au jour des mécanismes naturels de protection de l’organisme en lien avec l’obésité et d’autres problèmes de santé.
L’obésité et ses conséquences néfastes sur la santé, dont les dérèglements métaboliques, le diabète de type 2 et les maladies cardiovasculaires, connaissent une progression qui confine à la pandémie planétaire (Taubes, 2009). L’incidence de l’obésité dans le monde a en effet plus que doublé depuis 1980, et en 2014 on comptait plus de 1,9 milliard d’adultes en situation de surpoids; de ce nombre, 600 millions de personnes étaient obèses, selon l’Organisation mondiale de la santé.
Actuellement, nous pensons que le syndrome métabolique provoqué par l’obésité est dû à une accumulation excessive de graisses qui déclenche une inflammation dommageable pour l’organisme et qui empêche le bon fonctionnement des organes (Olefsky et Glass, 2010). Parmi les répercussions de ce dérèglement, on compte des perturbations des mécanismes de régulation du taux de sucre.
Une toute nouvelle étude menée par le D Przemyslaw (Mike) Sapieha, professeur à l’Université de Montréal et chercheur à l’Hôpital Maisonneuve-Rosemont (CIUSSS de l’Est-de-l’Île-de-Montréal), et publiée dans Science Immunology montre que, contrairement à ce qu’on pensait, toutes les formes d’inflammation accompagnant la prise de poids ne sont pas néfastes. En fait, des cellules blanches inflammatoires particulières, nommées macrophages de type Neuropilin1-positives, jouent un rôle crucial dans la préparation des tissus adipeux à l’augmentation pondérale. Le gras corporel est composé de milliards de cellules (adipocytes) qui encapsulent l’énergie.
Selon la quantité de calories que nous consommons, les tissus adipeux (gras corporel) prennent de l’expansion ou au contraire se contractent. Pour que l’expansion du gras corporel puisse se faire sans perturber l’organisme, celui-ci doit subir un processus de préparation que l’on peut comparer au sol d’un jardin qui doit être retourné et aéré avant la plantation des graines. La D Ariel Wilson, postdoctorante dans l’équipe de Mike Sapieha et première auteure de ces travaux, a ainsi découvert que ce type de cellules s’accumule dans les tissus adipeux et contribue à une prise de poids saine.
Les cellules immunitaires jouent un rôle important en éliminant de notre corps l’excès de gras et aident à intégrer les nouvelles réserves de gras sans causer les complications habituellement associées à l’obésité.
Cette recherche montre en outre que le fait de transférer des cellules immunitaires Neuropilin1-postives (par la moelle osseuse) à des souris qui en sont au départ dépourvues aide l’organisme de ces rongeurs à réguler de nouveau ses niveaux de sucre et confère même une meilleure santé métabolique aux souris. Plus largement, cette étude prouve qu’un sous-type de cellules immunitaires joue un rôle fondamental dans le maintien de la santé pendant la prise de poids, une découverte qui permet de mieux comprendre les complications liées à l’obésité.
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